IVAN CEVIC...
Les fans de la première heure d'Ivan Cevic n'ignorent pas que le chanteur est venu au monde un 21 octobre. En 1956. Papa et maman se sont rencontrés en Belgique dans le Borinage. Ils avaient pris soin de lui donner une grande sœur l'année précédente. « Moi, je suis né à l'hôpital d'Ougrée, précise Ivan, ma sœur a vu le jour à Baudour en 1953 ». L'année 56 durant laquelle ses parents originaires de Yougoslavie (ils avaient fuit la guerre en 1947, mentionne-t-il) vont quitter la région de Mons afin de s'installer du côté de Liège. Sa scolarité se déroule d'abord à l'école primaire de Flémalle. « J'ai eu une enfance extraordinaire, nous étions des enfants de toutes les nationalités. J'ai le souvenir que je faisais partie d'une trentaine de gamins qui ne se posaient pas de questions sur leurs origines. On aimait la vie et c'était très simple ».
Ivan va ensuite vivre la suite de sa scolarité dans le secondaire à Seraing. « J'étais un bon moyen qui ne se débrouillait pas trop mal », résume-t-il. Vient l'adolescence où il avoue qu'il a été « un grand sorteur ». « J'ai fait tous les dancings et discothèques du Carré à Liège comme tous les jeunes de mon âge. On passait du temps dans les tavernes et la cafétéria avant d'aller en boîte. Je sortais aussi pas mal en Allemagne et en Hollande ». Ce n'est pas sur une piste de danse qu'il rencontre celle qui allait devenir sa femme. Une demoiselle d'origine italienne. « On s'est connus en 1975 alors que j'accompagnais ma maman. J'avais 18 ans ». De leur union est né une fille.
Une passion pour les sorties. Une passion pour les filles. Mais aussi une passion pour le football. Ivan serait peut-être devenu une star du ballon rond si... « J'ai joué au Standard de 1966 à 1971. J'étais extérieur droit. Des minimes aux scolaires provinciaux. J'ai abandonné le foot pour les sorties en boîtes mais surtout pour la musique ». Et voilà. On y est. « Un prof venu de Yougoslavie nous avait initiés à la musique et à la culture slave. Je jouais de la mandoline et j'étais chanteur d'un groupe qui s'appelait... Les Mandolinistes. Nous sommes partis durant l'été 1973 pour une grande tournée dans les six républiques de ce qui était encore la Yougoslavie. Pendant un mois, on a eu une vie de rock stars. C'était incroyable. Les hôtels, les beaux restaurants, les concerts. C'est je crois les plus belles vacances de ma vie. J'avais 17 ans. On avait même été accueillis par la garde royale du président Tito. » Le chef d’État yougoslave ne sera pas le seul à honorer le groupe d’Yvan Cevic. « Nous avons été invités à participer à l'enregistrement de l'émission Visa pour le monde avec Georges Désir et Paule Heremann. Mais ensuite, on nous a conduits à Laeken pour rencontrer le roi Baudoin et Fabiola. Une très belle rencontre et un formidable souvenir ».
Mais la rencontre qui va définitivement changer la vie du jeune joueur de mandoline qui aspire à faire carrière dans la chanson c'est celle qu'il fait avec un producteur du nom de Albert Gérard. « Je faisais la première partie d'un show de Claude François qu'Albert avait organisé en 1975. Je chantais dans le groupe « The Sailors », nous faisions des reprises de grands succès de l'époque. Albert Gérard est venu me trouver pour me dire que je chantais bien. Il m'a demandé de le rappeler. Puis on a enregistré une adaptation d'une chanson italienne en 1976 qui avait été le tube de l'été en Italie ». Hélas, « Vers toi » ne connaîtra pas le même succès chez nous. En 1981, Yvan tente à nouveau de percer et cette fois via la présélection de l'Eurovision. « Je me suis retrouvé 4e sur 165 candidats. C'est la chanteuse Stella qui avait finalement représenté la Belgique cette année-là ».
Yvan va se décourager. La mort dans l'âme, il renonce à son rêve. « J'ai mis fin à ma toute jeune carrière de chanteur pour des raisons personnelles aussi. J'ai ouvert une taverne restaurant à Flémalle dans le complexe sportif ». Mais celui qui est devenu son ami, Albert Gérard, ne lâche pas l'affaire. « Il est venu me proposer l'adaptation de « Delilah » de Tom Jones. Je ne voulais pas. Il a insisté et j'ai fini par accepter ».
Bonne idée. Car ce disque va assez bien marcher. Puis viennent « Où va l'amour » et « Les soirs de solitude ». Le couronnement arrive l'année suivante en 1992 avec « A l'amour, à la vie » qui va se vendre à plus de 100.000 exemplaires. Dix qu'on aime. L'Olympia. Des disques d'or. Des disques de platine. La suite, on la connaît...
Pour son nouvel album dont l'atmosphère est aux antipodes de l'image qu'on a de lui, Ivan Cevic déterre ses racines slaves trop longtemps enfouies par ses premiers succès. Il met au jour la mémoire de ses parents et grands-parents, pose un regard tendre et nostalgique sur son enfance et couve d'un amour infini son petit-fils pour qui il a composé une bien jolie comptine. Il y a de l'introspection dans cet enregistrement, l'interprète de « Laisse aller les violons » se livre à une auto-analyse qui lui fait du bien. Et puis il y a surtout la couleur musicale de ce disque qui fleure bon le pays de ses ancêtres. Ce qui va en étonner beaucoup...
C'est vrai que je prends un sacré virage, cet album ne ressemble en rien à ce que j'ai fait précédemment. J'ai eu un peu peur de dérouter mon public, celui qui vient me voir pour entendre les chansons qu'il aime et notamment « Laisse aller les violons », c'est la raison pour laquelle j'ai enregistré trois ou quatre chansons qui sont proches de ce que je faisais avant. Je pense à des titres comme « Donne-moi » ainsi que « Je te hais » qui sont des chansons où les gens qui me suivent retrouveront l'Ivan Cevic qu'ils connaissent bien.
J'ai travaillé chez moi à Flémalle pendant trois ans sur cet album. Ensuite, nous avons enregistré dans un studio à Bruxelles. En ce qui concerne le chant, par contre, j'ai l'habitude de travailler très vite. Je connaissais mes textes par cœur. J'ai fait les voix sur une journée.
Je pense que je n'ai pas toujours joué le jeu de la médiatisation. Dans show- business, il y a le show et le business, je préfère le show au business. J'aime la scène et j'aime composer, je n'aime pas trop tout ce qu'il y a autour. Et puis, je pense que j'ai aussi joué de malchance. Il y a quelques années, j'avais rencontré un Monsieur qui s’appelait Roland Ribet, c'était le producteur d'Iglesias et d'Aznavour. Il m'avait entendu je ne sais où, peut-être dans l'émission de Pascal Sevran, il avait pris contact avec mon producteur belge Albert Gérard. Roland Ribet, c'était quelqu'un de très important à Paris. Il avait organisé un Olympia pour moi, et ensuite il a pris tous les contacts avec les grandes télés et radios parisiennes. Mais malheureusement, il est décédé au moment où tout se mettait en place. J'ai aussi par timidité peut-être raté le coche avec Michel Drucker. Lors de La Nuit des Stars à Liège, il m'avait dit « Tu chantes bien mais tu as aussi une tête à faire du cinéma ». J'étais beaucoup plus jeune (rire). Drucker m'avait invité à aller le trouver à Paris mais je n'ai pas osé y aller, je ne devais pas être prêt, c'était en 1988 je crois.
Mon producteur Albert Gérard m'a donné carte blanche, il m'a dit « fais ce que tu veux ». J'étais un peu fatigué de faire des reprises. J'aime toujours mes anciennes chansons bien évidemment. Elles ont fait mon succès et elles m'ont donné plusieurs disques d'or. Mais j'ai voulu ici revenir à mes origines, parler de mon enfance, raconter des histoires qui me touchent le cœur, j'y ai mis beaucoup d'émotion et de tendresse. Avec mon parolier Michel Pierrard, je voulais une nouvelle écriture. Je lui soufflais mes idées de textes et il mettait tout ça en forme., il s'est chargé des paroles en français. J'ai composé toutes les musiques et j'ai écrit un texte en serbo-croate ma langue maternelle.
Je pense que le morceau « Jovan, Jovanka » ferait un excellent premier single pour lancer l'album. Jovan, Jovanka, ce sont les prénoms de mes grands- parents maternels. Je pense aussi à « Pijem »que je chante en serbo-croate, c'est un morceau très festif, c'est très dance, c'est dans la tendance de ce qu'on entend maintenant. La mélodie est très accrocheuse, voire même entêtante. Une fois qu'on l'entend, on ne peut plus l'oublier de la journée.
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